Quelles règles de production pour les vins bio ?

Les vins bio sont des vins issus de l’agriculture biologique. Ils sont ainsi conformes au règlement européen de l’agriculture biologique qui définit, pour les pays de l’Union européenne, les règles à suivre concernant la production, la transformation, la distribution, l’importation, le contrôle, la certification et l’étiquetage des produits biologiques.  

En effet, seuls les vins respectant le règlement européen de l’agriculture biologique peuvent se prévaloir sur l’étiquette ou la contre-étiquette du symbole de l’Eurofeuille. Celui-ci est donc une garantie pour le consommateur. Celle que le vin est bio, donc meilleur pour la planète. 

Dans cet article, nous allons voir quelles sont les règles définies par le règlement européen de l’agriculture biologique concernant la production des vins bio. 

Des règles à la vigne… 

Photo : Olivier Lebaron

Les règles de production de la viticulture biologique reposent d’abord sur une approche globale du système vigne-sol-environnement et sur la préservation de cet équilibre ainsi que sur l’utilisation d’organismes vivants, de ressources naturelles et des méthodes mécaniques de production. 

En dernier recours, elles autorisent l’utilisation d’intrants d’origine naturelle, inscrits sur une liste positive de produits admis. Tout intrant non mentionné sur cette liste est de fait interdit, à l’image des engrais et pesticides de synthèse aux effets négatifs sur la biodiversité, la fertilité des sols et la qualité des nappes phréatiques et des eaux de rivière. 

Les règles de production de la viticulture biologique autorisent ainsi des amendements et des engrais organiques (un fumier issu d’un élevage paysan par exemple) ou d’origine minérale (de l’argile par exemple) ainsi que des traitements non issus de la chimie de synthèse en cas de forte pression parasitaire (cuivre, soufre, décoction de prêle, hydroxyde de calcium, etc.). 

Il interdit également tous les herbicides, qu’il s’agisse des herbicides de synthèse ou des herbicides d’origine naturelle. Le développement des adventices est maîtrisé par le travail mécanique ou par la mise en place d’un enherbement qui permet d’entretenir un couvert végétal, naturel ou semé, entre les rangs : celui-ci permet de contrôler les adventices tout en en favorisant le développement de l’activité des organismes du sol, en améliorant la structure et la portance du sol et en luttant contre l’érosion. 

Autre interdiction : les OGM. En effet, quelle que soit la législation nationale en cours, aucun vin de l’Union européenne ne peut être certifié bio s’il est issu de vignes génétiquement modifiées. En France, la culture des OGM à des fins commerciales a été interdite en 2008. 

En résumé 

Le bio, c’est : 

  • une agriculture sans OGM 
  • une agriculture qui repose sur une approche globale du système vigne-sol-environnement 
  • des matières fertilisantes d’origine naturelle 
  • une gestion des adventices sans herbicides  
  • des traitements à l’aide de produits d’origine naturelle, excluant les pesticides de synthèse 

… et des règles à la cave 

Photo : Olivier Lebaron

Jusqu’en 2012, on parlait règlementairement de vins issus de raisins de l’agriculture biologique. En effet, les règles ne concernaient pas le processus de vinification.  

Depuis 2012, le règlement européen de l’agriculture biologique couvre également les substances et les pratiques œnologiques, soit en les autorisant, soit en les limitant, soit en les interdisant. 

Le règlement européen de l’agriculture biologique interdit ainsi certains auxiliaires et additifs œnologiques* utilisés en vinification conventionnelle, comme le dicarbonate de diméthyle ou l’acide sorbique. Ceux qui sont autorisés dans la limite légale ou de façon restreinte sont indiqués dans la partie D de l’annexe V du règlement européen de l’agriculture biologique de 2021. Les intrants issus d’OGM sont également prohibés. 

De même, certaines pratiques sont strictement interdites, comme le traitement par électrodialyse et la désalcoolisation totale ou partielle des vins, ou soumises à restriction, comme les traitements thermiques au-delà de 75°C ou la technique de l’osmose inverse, autorisée sur les raisins mais interdite sur les vins. Toutes les modalités sont indiquées dans la partie VI de l’annexe II du règlement européen de l’agriculture biologique de 2018.  

Ce même règlement encadre également l’utilisation de soufre, cet élément chimique aux propriétés antiseptiques et antioxydantes, présent à l’état natif dans la nature, qui permet au vigneron de contrôler plus facilement la fermentation et de protéger le vin du risque d’oxydation, notamment pendant les différents soutirages ou lors de la mise en bouteille. 

Les doses maximales de soufre sont ainsi inférieures en bio avec des limites fixées à 100 milligrammes par litre pour les vins rouges et à 150 milligrammes par litre pour les vins blancs et rosés (contre 150 milligrammes par litre pour les vins rouges et 200 milligrammes par litre pour les vins blancs et rosés en agriculture conventionnelle). 

Ces règles font que les vignerons bio sont à l’origine des vinifications sans intrants ou avec le moins d’intrants possible. Ainsi, l’offre de vins bio sans sulfites ajoutés s’est fortement développée ! Toutefois, élaborer de tels vins demande une grande maitrise technique afin de garantir un produit de bonne qualité, qui puisse s’apprécier dans le temps ! 

* Les additifs et auxiliaires œnologiques sont des substances d’origine naturelle ou issues de la chimie de synthèse, qui peuvent être utilisées en vinification afin de stabiliser un vin, d’en faciliter la conservation ou d’en modifier les propriétés organoleptiques. La règlementation distingue les auxiliaires et les additifs : les premiers ne doivent plus être présents dans le vin mis en bouteille tandis que les seconds, à l’image du dioxyde de soufre, sont considérés comme des ingrédients. 

En résumé 

Le bio, c’est : 

  • une règlementation encadrant les auxiliaires et additifs œnologiques ainsi que les pratiques œnologiques utilisées en vinification 
  • des doses de soufre (SO2) plus faibles 

Un vin bio, c’est donc des règles de production très précises… mais c’est aussi la garantie que ces règles sont bien respectées. En effet, la labellisation n’intervient qu’après une période de conversion de trois ans et un audit annuel par un organisme indépendant. Le bio, c’est une garantie certifiée !