« Le bio ? À aucun moment, je n’aurais imaginé faire autrement ! »

Un entretien avec la vigneronne Sophie Guiraudon 
Clos de l’Anhel (Languedoc) 

Dans la farouche garrigue languedocienne des Corbières, Sophie cultive son écosystème depuis le début du millénaire. Elle y prend soin d’une dizaine d’hectares de parcelles de vignes, plantées de grenache, de syrah, de cinsault, de carignan et de mourvèdre, et encerclées de chênes, de romarins et d’oliviers. Rencontre avec une vigneronne reconnue et convaincue, qui s’attèle à faire naître des vins en conscience, dont l’éventail de prix court de 10 à 30 euros. 

Votre domaine est certifié en bio depuis bientôt vingt ans, qu’est-ce qui a motivé cette conversion ? 
La création de notre domaine, c’est la concrétisation d’un rêve. Avec mon conjoint, nous savions que nous passerions beaucoup de temps dans les vignes, nous deux mais aussi avec nos enfants. Le bio, on peut donc dire que c’est d’abord le fruit d’une volonté un peu « égoïste », celle de vivre et de travailler dans un espace sain. Mais le bio a toujours été pour moi une évidence aussi par souci de l’environnement. La certification en bio, après une période de conversion de trois ans, a donc été une formalité car nous avons toujours travaillé sans pesticides ni produits chimiques de synthèse. Aujourd’hui, je suis convaincue que je me sens bien dans mes vignes parce qu’elles sont bio. À aucun moment, je n’aurais imaginé faire mon métier de vigneronne autrement ! 

Aujourd’hui, je suis convaincue que je me sens bien dans mes vignes parce qu’elles sont en bio. 

Vos parcelles de vignes sont entourées d’arbres, pourquoi ? 
C’est le principe de l’agroforesterie ! Depuis le début, nous avons planté des rangées d’arbres, d’arbustes et de haies autour de nos parcelles pour recréer un écosystème vivant et une biodiversité la plus active possible. C’est une parade efficace à l’utilisation de pesticides, interdits par le cahier des charges de l’agriculture biologique. En effet, les genévriers, filaires, chênes, oliviers, amandiers, thyms et autres romarins constituent des réserves à faune sur plusieurs hauteurs ! Les arbres attirent ainsi des chauve-souris et des oiseaux, comme les mésanges, qui sont les prédateurs naturels des ravageurs, notamment les tordeuses de la grappe (des papillons nuisibles).  

Entre les rangs de vignes, on voit beaucoup de fleurs sauvages ! Pourquoi ?  
Au domaine, nous laissons les rangs s’enherber naturellement, sans avoir besoin de pratiquer des semis. Au niveau des sols, ce tapis végétal va avoir plusieurs impacts bénéfiques : les racines et les vers vont décompacter les sols, permettant d’abaisser la température. C’est aussi une manière d’attirer les abeilles et les autres insectes pollinisateurs. 

Le bio est donc un levier pour adopter des pratiques toujours plus favorables à l’environnement ? 
Plus on baigne dans le bio, plus on prend conscience du rôle de l’agriculture conventionnelle dans la détérioration de notre environnement. Et le bio, ce n’est pas juste un cahier des charges, c’est aussi un état d’esprit, une volonté. Même si je n’arrive pas encore à tout mettre en pratique, j’expérimente beaucoup : des purins, des décoctions, des nichoirs pour ramener encore plus de biodiversité… Au-delà du travail dans les vignes, l’esprit du bio, pour moi, c’est aussi réduire les intrants utilisés en vinification et c’est aussi réfléchir à son empreinte environnementale :  pour ma part, je cherche à réduire le poids de mes bouteilles et je fais attention dans le choix du papier de l’étiquette et de la matière de la capsule ! 

Le bio est donc un levier pour adopter des pratiques toujours plus favorables à l’environnement ? 

Plus on baigne dans le bio, plus on prend conscience du rôle de l’agriculture conventionnelle dans la détérioration de notre environnement. Et le bio, ce n’est pas juste un cahier des charges, c’est aussi un état d’esprit, une volonté. Même si je n’arrive pas encore à tout mettre en pratique, j’expérimente beaucoup : des purins, des décoctions, des nichoirs pour ramener encore plus de biodiversité… Au-delà du travail dans les vignes, l’esprit du bio, pour moi, c’est aussi réduire les intrants utilisés en vinification et c’est aussi réfléchir à son empreinte environnementale :  pour ma part, je cherche à réduire le poids de mes bouteilles et je fais attention dans le choix du papier de l’étiquette et de la matière de la capsule ! 

Est-ce que vous considérez que vos convictions environnementales se répercutent sur le caractère de vos vins ?  

En vingt ans, j’ai l’impression que mes vins ont évolué vers plus de complexité et d’équilibre. C’est comme si la vigne était partie puiser plus profond dans son terroir pour faire naître des vins plus complets. Mais j’ai aussi vingt ans de métier désormais, donc je connais mieux mes parcelles également et je suis plus sûre de moi dans mes choix. Je ne sais pas dans quelle mesure mais je suis intimement convaincue que le bio est aussi une des raisons qui ont fait que mes vins ont progressé !