
En 2023, l’appellation Baux-de-Provence est devenue l’une des premières en France – avec Calvi – dont toutes les surfaces de production sont certifiées bio. Retour sur l’histoire particulière du bio dans la région de Saint-Rémy-de-Provence avec Théo Buravand, directeur du Château Romanin, un domaine qui sera présent à la prochaine édition du salon Millésime BIO.
Le Château Romanin a été l’un des pionniers du bio en Provence. Comment cet engagement est-il né ?
– Depuis sa création en 1989, le Château Romanin a toujours été en bio. C’est vraiment inscrit dans l’ADN du domaine. Les deux fondateurs, Jean-Pierre Peyraud et Jean-André Charial, faisaient partie des pionniers du bio en France et en Provence. Pour nous, le bio n’est pas une option : c’est un prérequis, un engagement environnemental, humain, mais aussi qualitatif.
En quoi la viticulture bio influence-t-elle la qualité de vos vins ?
– Le bio est pour nous la meilleure manière de retranscrire notre terroir. Les produits de traitement utilisés (cuivre et soufre) sont uniquement des produits de contact, ils n’interviennent pas dans les processus métaboliques de la vigne. Nous travaillons les sols seulement de manière mécanique, ce qui permet d’en préserver la vie biologique et donc la richesse et le cycle naturel. Cela permet d’avoir des vins fidèles à leur terroir.
« Le bio n’est pas qu’une affaire de terroir, c’est surtout une question de respect du végétal et de l’humain. « .
L’ensemble des domaines des Baux-de-Provence partage cette vision ?
– Oui, et depuis longtemps ! Lors de la reconnaissance de l’appellation en 1995, la grande majorité des domaines étaient déjà certifiés bio. Par exemple, nos voisins du Domaine des Terres Blanches travaillent en bio depuis la fin des années 70. En 2023, avec la certification du Mas Saint-Berthe motivée par le propriétaire Olivier Rolland et actuel président de l’appellation, nous sommes devenus la première appellation 100 % bio. Chaque domaine a son histoire, mais l’appellation nous a permis de nous structurer et d’avancer ensemble pour la suite.
Qu’est-ce qui unit aujourd’hui les domaines des Baux-de-Provence ?
– Nous sommes 12 domaines, liés par la volonté de défendre un terroir, de le protéger des produits de synthèse et de faire vivre nos paysages. Nous formons une famille unie, qui cherche à produire des vins “pépites”, précis et qualitatifs. Notre particularité est aussi une production majoritaire de vins rouges, une exception en Provence ! Le cahier des charges de l’appellation n’intègre pas la certification bio pour des raisons réglementaires, on ne peut pas superposer deux cahiers des charges, mais la question pourrait revenir si de nouveaux domaines souhaitaient rejoindre l’appellation. Ils devraient forcément partager nos valeurs !

Le terroir des Baux-de-Provence est-il particulièrement favorable au bio ?
– Le climat des Alpilles nous aide, c’est vrai : beaucoup de Mistral et très peu d’humidité. Quant à nos sols, plus sableux que limoneux, ils ne sont pas très riches ni très productifs. Ce sont de très beaux terroirs qualitatifs, mais pas des terroirs à gros volumes. Cela explique notre orientation naturelle vers la qualité plutôt que vers les rendements. Mais le bio n’est pas qu’une affaire de terroir, c’est surtout une question de respect du végétal et de l’humain.
Vous serez présent à Millésime BIO 2026. Qu’attendez-vous de ce salon ?
– C’est ma troisième participation consécutive. Millésime BIO, pour nous, c’est l’opportunité de rencontrer des cavistes, des restaurateurs et des agents pour développer nos partenariats. Beaucoup de nos partenaires considèrent désormais le bio comme un prérequis, que ce soit en France ou à l’export. Le marché avance parfois à deux vitesses : d’un côté, le bio ne progresse pas aussi vite qu’on le souhaiterait, mais, de l’autre, de plus en plus de nos interlocuteurs professionnels placent clairement la certification comme un critère essentiel.