Marchés : “Le bio nous a permis de nous démarquer, de pousser les portes !” 

Un entretien avec le vigneron Stéphane Sérol du Domaine Sérol 

En Côte Roannaise, Stéphane Sérol préside l’association Loire Volcanique, qu’il a fondée pour rassembler une quarantaine de vigneronnes et de vignerons du Massif Central, de l’Auvergne au Forez, du Roannais à Saint-Pourçain. Tous partagent une même farouche volonté : promouvoir, défendre et préserver leurs terroirs singuliers. Des enjeux qui passent notamment par une viticulture engagée, et bien souvent par le choix du bio. 

Qu’est-ce qui vous a motivé à entamer la conversion en agriculture biologique ? 

– Avant tout, l’expression du terroir. Je voulais faire des vins d’identité, qui aient vraiment la gueule du lieu. Pour moi, c’est incompatible de défendre la notion de terroir tout en utilisant des produits issus de la chimie de synthèse. Les désherbants, les engrais ou les produits systémiques modifient le comportement de la plante, et surtout détruisent la vie du sol, donc l’identité même du terroir. Passer au bio, c’était aussi protéger les gens qui travaillent dans les vignes, respecter le voisinage, et proposer un vin plus sain aux consommateurs. Nous avons certifié une partie du domaine en 2008, puis l’ensemble en 2014. Aujourd’hui, revenir en arrière serait impensable, tant pour nos salariés que pour la qualité de nos vins. Toutes nos attentes ont été remplies !

Au sein du collectif Loire Volcanique, près de 70 % des domaines sont engagés dans une démarche environnementale. Comment expliquez-vous une telle dynamique collective ?

– Dans nos régions, ceux qui travaillent la vigne ne sont pas dans une logique de production de masse, ce sont des vignerons passionnés qui veulent aller au bout de leur métier. Nous avons un biotope exceptionnel, avec peu de concentration de vignes : chacun mesure la chance que l’on a et souhaite prendre soin de cet héritage. Dans le collectif, ceux qui sont les plus impliqués sont souvent ceux qui sont déjà en bio : c’est très fédérateur ! Nos vignobles sont en altitude, avec des sols filtrants et un climat continental, ce qui fait qu’on est favorisé par rapport à la pression du mildiou, plus qu’en zone océanique ! Les pentes sont aussi mécanisables, ce qui facilite l’arrêt des traitements issus de la chimie de synthèse. Certes, avec l’évolution du climat, les rendements sont plus faibles avec la pression du mildiou qui augmente, les épisodes de sécheresse, les orages violents ou la grêle. En Côte Roannaise, nous avons monté un dossier pour étendre l’aire d’appellation jusqu’à 600 mètres d’altitude, justement pour nous adapter. 

« Pour moi, c’est incompatible de défendre la notion de terroir tout en utilisant des produits issus de la chimie de synthèse ».

Le bio est-il un des moyens de valoriser les vins de Loire Volcanique ?

–  Ici, ce sont majoritairement de petites structures. Pour nous, le bio a été un vrai levier de visibilité. Même si, avec l’inflation, l’argument est peut-être un peu moins décisif qu’avant, il nous a permis de nous démarquer : pousser les portes des cavistes, des restaurants étoilés… d’abord parce que les vins étaient bons, ensuite parce qu’ils étaient “propres”. On a enfin été regardés par la sommellerie ! Et ça répondait aussi à une vraie attente du public. La clientèle a beaucoup évolué par rapport à l’époque de mes parents, qui vendaient surtout en direct à bas prix. Aujourd’hui, nous vendons partout, tout en gardant un fort ancrage local. Les visiteurs viennent pour découvrir quelque chose d’authentique : ils veulent comprendre comment on travaille, visiter les vignes, participer aux dégustations.

Vous participez au salon Millésime BIO depuis une dizaine d’années. Qu’attendez-vous de l’édition 2026 ?

– Il faut continuer, ne rien lâcher ! Ce salon est essentiel. Les acheteurs y viennent en sachant que tout est certifié, contrôlé, transparent : ce ne sont pas que des paroles, y’a pas de lézard ! C’est important de rester soudés et de montrer ce qu’est réellement un vin bio ! Et puis chaque année, nous présentons un nouveau millésime : on retrouve nos clients, on échange, on explique les conditions de l’année, parce que les millésimes ne se ressemblent jamais. Ce salon permet de garder un lien direct avec les cavistes et les sommeliers, qui viennent pour comprendre, goûter et se tenir au courant.

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